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/ L’OCCIDENT DÉSORIENTÉ /

Performance ethno-clownesque – CRÉATION 2023

SYNOPSIS

Dans un « Occident désorienté » se noue la rencontre d’un anthropologue et d’une clown. Lui conférence, pérore et disserte sur le monde de la mondialisation et réfléchit sur sa propre place d’observateur professionnel de la différence culturelle. Elle, écoute aux portes de ce monde, s’y promène invisible et insouciante, emportant avec elle sa maison nomade et l’esprit sa grand-mère. Il pense que sa science l’invite à la transe, transe anthropologique, état nécessaire à l’accès à l’autre, elle le prend au mot et l’invite à entrer dans “le cercle sacré de la vie”. Ensemble, ils se mettent à lire les mots des oublis, des bannissements et des non-existences programmées par un Occident dominateur.

« Faire prendre un risque à sa pensée est une action volontaire consistant à infléchir sa réflexion dans une direction où l’on se trouve contraint à fabriquer des dispositifs susceptibles de convoquer des témoins au procès d’existence d’être nouveaux » (Tobie Nathan)

Dans un livre demeuré célèbre, Dipesh Chakrabarty, historien indien, appelait à « provincialiser l’Europe ». Poursuivre le geste de décentrement, bonne conscience exclue, serait alors de désorienter l’Occident, pour qu’il en sorte un monde multiple, culbuté, sens dessus-dessous, devant-derrière, décolonial-décolonisé, défait du capitalisme, convoqué de passés possibles, espéré de futurs réinventés, repeuplé de non-existences réexistées, irrigué d’ontologies circonstancielles et joyeusement inachevé…

NOTE D’INTENTION

Une comédienne et un anthropologue poursuivant chacun, depuis leur rencontre, et ensemble ici, le dépassement de leurs pratiques respectives. Elle travaille depuis plus de quinze ans au service de la relance de fêtes occitanes et de la création de rituel collectifs et qu’elle définit comme un « théâtre-laboratoire de imaginaires traditionnels ». Il travaille depuis une vingtaine d’années sur les phénomènes de patrimonialisation et de relation au passé et, s’interrogeant sur l’opérativité du patrimoine aujourd’hui – c’est-à-dire à l’Anthropocène –, il s’engage aujourd’hui dans l’exploration de ce qu’il appelle « un scénario contre-hégémonique du patrimoine ». Elle expérimente toute une palette de registres scéniques : créations théâtrales, rituels performatifs, spectacles de rue, conférences-spectacle, gesticulées, visites théâtralisées… Il expérimente depuis quelques années un mode de restitution non académique, qu’il appelle « truc » ou « performance », mixant textes et matériaux de terrain, sons, images, vidéo. Illes ont décidé, de travailler ou plutôt d’avancer ensemble, de trouver la possibilité de s’accompagner dans leur cheminements respectifs, lesquels se questionnent et se formulent en marchant, avec l’idée que les objectifs émergent de leur collaboration.

La rencontre théâtre-anthropologie se noue autour de cette commune interrogation sur les modes d’être et de savoir et qui, d’un point de vue anthropologique, sera qualifié à la fois comme ontologique et épistémologique. En d’autres termes, est ambitionné l’élaboration d’un scénario contre-hégémonique du patrimoine : un scénario qui veut se démarquer d’une conception « patricienne » du patrimoine.

Cette orientation procède d’une double interrogation née de deux faits notables : une tendance depuis la fin du siècle dernier et qui ne cesse de s’affirmer, celle de la diffusion-profusion de l’activité patrimoniale et le débordement des institutions censées organiser la relation au passé ; l’idée de patrimoine vivant. Si le patrimoine est vivant, permet-il de penser les grands enjeux du 21ème siècle condensés dans la notion d’Anthropocène ? Si le patrimoine est entré en démocratie, participe-t-il de ces dynamiques revendicatives et alternatives tantôt désignées comme citoyennes, tantôt comme radicales, qui questionnent les limites de la démocratie représentative, révèlent la capacitation des personnes ordinaires, s’engagent dans la performation de « mondes » qui seraient fondées sur de nouvelles relations entre les existants ?

Ce scénario peut-il renouveler le sens du patrimoine : qu’est-ce qu’hériter et de quoi hérite-t-on ? Qu’est-ce que s’attacher et à quoi s’attache-t-on ? Qu’est-ce que prendre de soin de, faire attention à ? Qu’est-ce que se reconnaître partager en commun ? Partager un commun ? Qu’est-ce qu’instituer ce commun sur la reconnaissance et l’acceptation de différences et de dissensus ? Autant de questions et de mots – héritage, attachement, attention, commun, dissensus – qui, contre les mots du patrimoine patricien – le volontarisme de la reconnaissance sans la redistribution ; la neutralisation des aspérités sociales, la charité culturelle faite aux oubliés, au démunis, aux sans-part – constituent l’armature sensible d’une acception pragmatiste et plébéienne du patrimoine. à poursuivre cette perspective, il s’agit de dénouer les liens historiques entre patrimoine et capitalisme – que ce soit comme un moyen de tempérer les effets destructeurs du capitalisme (Guillaume 1980) ou bien comme vecteur d’une économie de l’enrichissement (Boltanski et Esquerre 2017), et de se demander si le patrimoine peut être mobilisé dans et pour des expériences d’anticapitalisme – i.e. de recherche de construction de mondes non formatés par une logique de marchandisation des existants.

PRODUCTION & COPRODUCTION

Une production de la Fabrique Sauvage.

Partenaires : Conseil Régional Occitanie – En cours

Accueil en résidences : CIRDOC-Institut de Cultura, Ville de Pézenas – En cours

DISTRIBUTION

Jean-Louis TORNATORE,
auteur, comédien

Perrine ALRANQ,
auteure, comédienne,

Jean-François VROD et Anaïs VAILLANT,
metteure en scène

MODALITÉS

Durée : 1h30

Tout public à partir de 12 ans

Adaptable en théâtres, salle des fêtes, médiathèques…

DATES À VENIR
Il n’y a pas d'évènements à venir.